Miroir, mon beau miroir (La page du dimanche)

soleil

Connaissez-vous l’expression: « Comme on connait ses saints, on les adore » *
C’était une des expressions favorites de ma mère.
Elle signifie en gros qu’il faut aimer les gens en connaissance de leurs qualités ou/et de leurs défauts… tels qu’ils sont.
Je crois que cette expression est la base de l’empathie.
Avec l’un il faudra être direct, avec l’autre il faudra prendre des gants et avec un troisième il faudra brosser dans le sens du poil.
Selon son interlocuteur on adapte son attitude, son discours, sa gestuelle.
On doit parfois également adapter la fréquence de réception du message.
Les mêmes mots n’auront pas toujours la même puissance ou importance selon qu’ils seront prononcés par l’un ou par l’autre.

Ceci pour vous dire que parmi ma bande de profs chaque personnalité est différente mais que seule la qualité de ce qu’ils apportent aux enfants est essentielle.
À partir du moment où je peux dire que c’est un bon enseignant, peu m’importe qu’il ait un caractère de cochon ou qu’elle soit peu administrative, je les prends comme ils sont et j’adapte mon attitude à chacun.

C’est comme dans une famille, comme dans une classe… on dit toujours qu’un enfant n’est pas l’autre.
C’est valable aussi pour les adultes que nous coachons en tant que direction d’école. D’autant que ces adultes ne l’ont jamais quittée, l’école !
Ils y sont depuis qu’ils ont trois ans.
C’est leur vie, leur monde.
Il ne connaissent pas vraiment d’autre univers que le paysage scolaire.

Tout ceci pour en venir au fait que dans mon équipe je les apprécie tous !
J’ai bien sûr des affinités naturelles avec certains mais tous sont attachants et professionnels.

Mais tous ne s’entendent pas comme larrons en foire… pour certains c’est même une entente comme chien et chat 😀
Mr Pistache et Mme Châtaigne se sont déclaré une guerre froide qui avait déjà commencé avant mon arrivée dans l’école.
il restent polis mais c’est juste bonjour-bonsoir les lèvres pincées et le regard fuyant…
L’origine du conflit m’importe peu.
L’un est exubérant et a cependant toujours besoin d’être rassuré sur ses capacités, l’autre est d’une sensibilité à fleur de peau qui exacerbe son besoin d’équité.

Vendredi nous avions une première approche de notre miroir.
Quezaco ?
Lors du lancement du plan de pilotage, trois questionnaires sont mis en ligne.
Le premier s’adresse à l’équipe pédagogique, le deuxième aux parents et le dernier aux élèves.
On demande à chacun de répondre à ce questionnaire qui pose une soixantaine de questions sur l’école… Ces questions vont des méthodes de lecture à l’état des toilettes en passant par le sentiment d’appartenance aux valeurs véhiculées par l’établissement.

Le miroir est le résultat croisé de ces trois visions de notre école.

Pour cette première analyse de résultats, nous étions regroupés dans la classe de Mr Pistache.
Celui-ci avait préparé du café et en a servi à qui voulait.
La réunion a été éclairante sur certains points, notamment notre faiblesse au niveau média (tiens donc), langue (ah bon ?) et au niveau toilettes 😀

Nous avons appris comment interpréter les résultats
Par exemple notre niveau n’était pas extra en langue mais les questions posées aux élèves étaient: – As-tu l’impression de faire des progrès en allemand ?
Les élèves ont donc répondu non puisque nous n’organisons pas de cours d’allemand en primaire.
On posait la même question pour le néerlandais et l’anglais.
Comme nous n’organisons que les cours d’anglais à partir de la 5ème primaire (CM2), il est évident que nous obtenions un score catastrophique en langue !
Seuls les élèves de P5 et P6 ont répondu à 80 % positivement…
Sur la globalité c’est catastrophique mais sur le seul cours organisés ce sont d’excellents résultats.
Comme quoi les chiffres peuvent dire tout et son contraire.

Lors de l’analyse nous avons également remarqué que seulement 9 membres du personnel avaient complété ce fameux questionnaire.
Mme Papaye a avoué ne pas l’avoir rempli car elle n’avait pas compris l’importance que les réponses pouvaient avoir sur la suite du processus…
Sur ce, d’autres ont opiné du chef…
C’est vrai que c’est la première fois qu’on demande vraiment l’avis des gens sur un objectif de bilan en vue d’une amélioration à venir.
Là, nous avons appris que les questionnaires seraient proposés chaque année de façon à pouvoir analyser à long terme l’impact de ces améliorations.

Trois choses m’ont vraiment fait plaisir à l’issue de cette réunion:
1. L’enquête est plutôt positive sur la qualité de l’enseignement de notre école.
2. Je sens que la mayonnaise commence à prendre et que ce plan aura sans doute des effets bénéfiques sur la cohésion de l’équipe.
3. Mme Châtaigne, en sortant de la classe, a remercié Mr Pistache pour le café.

 

8 commentaires sur “Miroir, mon beau miroir (La page du dimanche)

  1. >Selon son interlocuteur on adapte son attitude, son discours, sa gestuelle.
    Je suis très modéré sur cette affirmation. Il est un peu tard maintenant pour philosopher mais je pense au contraire que chacun doit être lui-même et chercher à réagir ou interagir comme on pense que la personne l’apprécierait est une grossière erreur. Le travail en groupe (groupe de projet pour mon cas, jusqu’à 20-30 personnes) oppose des personnalités hyper différentes et il est impossible de s’adapter à l’interlocuteur.

    Je crois au contraire que les plus efficaces et les plus agréables sont ceux qui ne perdent pas d’énergie à jouer un jeu mais gardent leurs forces pour toujours apporter un discours mesuré, positif, dans lequel on sent que toutes les alternatives ont été pesées, une parole calme et souvent capable d’autocritique. Si adaptation il y a c’est à soi : « ne jamais en faire une affaire personnelle », ne jamais prendre au premier degré ce qui a été dit, et « toujours faire de son mieux », sans compter « avoir une parole impeccable ». Ce dernier accord Toltèque est ce qui me parait remplacer au mieux l’adaptation à l’autre que vous évoquez.

    Avoir une parole, saine, un discours oral ou écrit à la sémantique irréprochable, permettant la discussion sans jamais d’équivoque, parce que les mots ont été choisis. Ceci me parait plus important que l’adaptation de son propre discours à ce que l’autre est supposé apprécier. 😉

    Pardon pour le roman. ;-)))

    Vous n’êtes pas obligée de « valider ».

    Bonne soirée et bon courage !!! Boulot demain pour 3 jours.

    J’aime

    1. Je ne parle pas ici de la parole collective. Sûr que la locomotive ne peut avoir qu’une direction et qu’un seul Klaxon 😀
      Ce sont dans mes rapports individuels aux personnes que je sais qu’il ne faut pas prendre X de front ou qu’il faut rassurer Y.
      Il n’empêche que je ne joue pas un jeu, je pense être moi avec des nuances qui me permettent de rendre compréhensible le discours collectif en le traduisant parfois dans la couleur de mon interlocuteur.
      Généralement on apprécie mon empathie et on ne craint pas de m’exposer les doutes, les craintes ou les échecs car on sait que je les analyserai en fonction des capacités de chacun et que je donnerai de bons conseils pour y remédier. Mais je me trompe peut-être… j’essaie de faire de mon mieux, ça c’est certain.
      Boulot pour 3 jours ??? Pourquoi 3 ?

      Aimé par 1 personne

  2. J’adore ! J’ai l’impression d’avoir 8 ans et d’attendre la semaine suivante pour mon épisode de « la petite maison dans la prairie ».
    En plus, celui-ci est encourageant pour ce Grand Chantier (remarque les majuscules) qui se met en route dans l’enseignement en Belgique. A tous les hommes (et les femmes) de bonne volonté, unissez-vous !

    Aimé par 1 personne

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