Ca brûle… (pas vraiment la page du dimanche)

 

burnout
https://zenopia.be/

 

A la veille du congé, j’ai appris qu’un de mes collègues (celui que j’ai déjà appelé mon Coco* dans ces pages) était en arrêt maladie jusqu’au mois de décembre.
Le mot burnout a été évoqué…

Depuis que je suis dans la profession, j’en ai connu plus d’un qui s’est fissuré, qui a craqué, qui s’est effondré en raison de ce bizarre état de « brûlure » intérieure qui explose.
Avant d’être un burn-out reconnu, chacun d’entre-eux a éprouvé plus ou moins longtemps un burn-in vicieux.
Sorte de ver qui creuse le chêne jour après jour, qui dévore sa chair, sa volonté, son assurance, ses convictions…
Jusqu’au jour où on entend un craquement,
où une fissure apparaît,
où toutes les feuilles tombent sans raison,
où le chêne lui-même s’interroge sur la raison de cet événement étrange.

Alors, on lui donne un peu d’engrais pour ses feuilles, on tente de colmater la fissure, on explique le craquement par la vieillesse ou le mauvais temps et le chêne continue à se faire bouffer sans le savoir ou sans vouloir le savoir.
Parce qu’un chêne c’est grand, c’est fort, c’est rassurant, c’est protecteur.
Un chêne ça ne plie pas (n’est-ce pas Monsieur de la Fontaine)
la-fontaine-chene-roseau

Un chêne ça s’effondre en faisant plus ou moins de bruit, d’un coup, violemment !

Et là, toute une série d’expressions viennent à la surface et je vous assure que c’est du vécu par l’observation de mes collègues qui furent des chênes un jour:

Avoir les jambes coupées… une collègue s’est effondrée dans le bureau de sa préfète car ses jambes refusaient de la supporter un instant de plus.
En avoir plein le dos… Nombreux sont ceux qui ont développé des hernies, des blocages de colonne, des tassements de vertèbres
Avoir la tête comme une citrouille… Problèmes de céphalées, de vision, d’anévrisme, d’équilibre.
Rester bouche cousue ou sans voix… Ne plus trouver ses mots, être confus, perdre le fil de ses idées, ne plus être cohérent dans ses explications.
Les bras m’en tombent… Devenir maladroit, avoir des difficultés à écrire, à saisir des objets, développer des problèmes aux épaules, dans la nuque, avoir des soucis au niveau du canal carpien, des coudes.
Avoir le coeur déchiré… Je connais quelques cas d’infarctus sur le lieu de travail mais ça peut être aussi de la tachycardie, de l’hypertension ou de l’arythmie cardiaque.
Le directeur que j’ai remplacé dans la fonction a été contraint de partir pour des raisons cardiaques suite à des difficultés relationnelles avec la hiérarchie… on a mis ça sur le compte de l’âge, on l’a traité d’incompétent. C’était pourtant un chouette gars très attentif au bien-être de son petit monde.
Avoir les nerfs en pelote… Problèmes d’humeur, de stress, passer du rire aux larmes en quelques minutes, avoir l’impression de devenir fou, devenir hyper sensible au toucher, développer des syndromes tels que les jambes sans sommeil ou des tics involontaires.

Si ces expressions existent c’est que ces symptômes sont connus depuis longtemps.
On n’y accolait certainement pas le mot burnout mais d’autres termes étaient utilisés:
épuisement, dépression, morosité, déprime, lassitude, blues, mélancolie, etc.
Mais cet état de mal-être était tu, minimisé, honteux.
C’était le fait de personnes faibles et sans personnalité et cela relevait de la psychiatrie…

Cette image est encore véhiculée et le burnout est particulièrement présent dans notre profession de direction car nous nous sommes vus confier un poste à responsabilités et nous nous estimons défaillants dans notre mission.
Les attentes (les nôtres et celles de la société) sont telles que la forêt de chênes dépérit*.
Pourquoi ? Manque de considération, infantilisation, manque de moyens pour parvenir aux résultats attendus, plus grande sensibilité que les générations précédentes, moins de résistance au stress, peu de reconnaissance, punching-ball sociétal, trop d’exigences… les causes sont multiples et individuelles et je n’ai pas de réponse.
Le dénominateur commun pour toutes les personnes en burnout est certainement la pression ressentie (au boulot, en famille, dans les activités diverses qui font notre vie quotidienne)

Quoiqu’il en soit, on ne peut pas attendre que le directeur prennent le temps de se guérir.
Et de toute façon, dès qu’il réintègre la fonction, il replonge dans la cause même qui l’a détruit.

Je n’ai pas de solution à cet état de fait.
Juste la crainte que des petits vers ne soient en train de me ronger aussi…
Je me sais chêne mais les exemples autour de moi m’ont appris que je suis moins forte que je ne peux le penser.
Ce qui m’effraie c’est le sentiment d’échec qui doit accompagner le burnout.
L’impression d’avoir abandonné le navire alors que dans la tête on a encore tellement de choses à accomplir, à soutenir, à améliorer, à changer.
Et qu’on n’en a plus la force 😦

On a proposé à une collègue, suite à un burnout,  d’être réintégrée dans une fonction d’assistante à l’accompagnement d’un autre directeur…
Je vais suivre l’évolution de cette échappatoire originale.
Ça peut être une solution pour les deux:
L’un est épaulé et l’autre n’a plus la pression de la responsabilité…

En attendant, courage Coco… je sais que tu me suis et je te fais un bisou guérisseur.
Un bisou ça ne soigne pas un chêne mais ça pansera peut-être une petite plaie ❤

En tout cas moi, après avoir pris connaissance de ton message, j’ai mis mon blog en pause une semaine pour me consacrer uniquement à moi et à ma famille. J’ai éteint mon téléphone professionnel (vade retro satanas), j’ai lu (beaucoup), j’ai cuisiné, j’ai regardé des séries à la télé, j’ai mis des bougies parfumées, j’ai pris des bains relaxants et j’ai procrastiné 🙂

Demain c’est le retour au boulot et j’espère avoir bien rechargé mes accus…

nuage-burnout-01
Roulez jeunesse
*On finira par nous remplacer par des sapins, on sait que ceux là ne dureront pas longtemps mais qu’ils sont malléables et festifs 😀 et remplaçables rapidement.

7 commentaires sur “Ca brûle… (pas vraiment la page du dimanche)

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